Cet "après plus ample réflexion" rappelle le "tout
bien pesé" du premier paragraphe. Mais d'une part, c'est maintenant
à
lui-même que l'auteur attribue cette réflexion, et d'autre part, il ne
présente plus un état achevé de la réflexion, mais un degré supérieur
seulement. Le "tout bien pesé", adressé au lecteur, lui posait une
exigence, en lui plaçant devant les yeux une sorte d'achèvement idéal
de la
réflexion, et en le laissant dans la supposition que l'auteur l'avait
sans
doute atteint pour son compte. Maintenant, c'est l'auteur lui-même qui
se
reprend, qui réfléchit davantage, et qui laisse ouverte la possibilité
de
continuer cette réflexion pour la rendre plus ample encore. Ceci
s'inscrit
tout à fait dans la nouvelle mise en évidence du caractère à jamais
inachevé de la culture du goût, depuis que nous savons qu'elle ne peut
espérer que monter les degrés vers la perfection, sans l'atteindre.
C'est donc
bien tout le texte de Hume qui se place lui-même sous les conditions
d'une
telle démarche. Et l'on voit comment c'est une nouvelle invitation au
lecteur
à continuer la réflexion, pour avancer cette fois non plus seulement
au-delà
de lui-même, mais également au-delà de toute autorité. Il semble donc
qu'il
existe bien une hiérarchie dans la progression de la culture du goût,
mais
aucun terme ultime envisageable comme susceptible d'être atteint
définitivement.
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